(... Suite de la Partie 2)
2 / L’armée de la cour de Bangkok
Nous avons vu que
les Portugais arrive à Ayuthia peu de temps après leur installation à Malacca
en 1511. Les Siamois connaissent, donc, l’utilisation des armes à feu depuis ce
temps là. Mais les Birmans font mieux, ils utilisent des mercenaires Portugais
en grand nombre comme nous venons de voir plus haut. De nos jours il y a, en
Birmanie, de nombreux descendants de Portugais.
Ainsi l’armée
siamoise savait utiliser les armes à feu et même des canons. Dans cette armée
il y a aussi des mercenaires portugais. Elle a dû pourtant attaquer deux fois
Longvêk pour le prendre en 1594. Du côté cambodgien, il y avait un portugais
comme garde corps du roi. Finalement le roi s’enfuyait avant l’assaut final
siamois.
« Mercenaires,
armes à feu et membres de la cinquième colonne
« Il existait pourtant un
groupe beaucoup plus important, celui des mercenaires et des hommes de guerre indépendants
dispersés sur le littoral du golfe du Bengale, en Asie du Sud-Est continentale
et dans l’archipel indonésien. D’après les déclarations de Joao Ribeiro, il y
avait, dans les dernières années 1620, environ 5 000 Portugais employés par des
Etats asiatiques entre le Bengale et l’Est de l’Indonésie, « avec peu
d’espoir de retour, car ils etaient habitués à une vie libre. Ce nombre est
assez élevé comparé à celui des casados brancos en Asie portugaise pendant
cette même période ou à celui des soldados à Goa à la même époque. Dans les
années 1630, on estime leur nombre à un millier, tandis qu’il pouvait atteindre
entre 1 500 à 2 000 au début du XVIIè siècle.
(…)
« A l’époque de Van de Coutere, comme
plus tôt en début du XVIè siècle, Malacca était un centre important d’où les
mercenaires et les soldats indépendants se dispersaient dans le golfe de
Bengale, le Sud-Est de l’Asie et l’Extrême-Orient. Malacca plus que Goa, que
Cochin et peut-être même plus qu’Ormuz, était le point de rencontre entre deux
mondes, le monde malais et le monde indien et, même à la fin du XVIè siècle
Malacca était le carrefour d’une population extrêmement cosmopolite où se
côtoyaient Tamouls (Kelings en Javanais), Chinois des provinces du Sud-Est,
Vénitiens et Portugais. Van de Coutere, qui dirigea les opérations à
l’extérieur de Malacca pendant près d’une décennie jusqu’à son retour à Goa en
1603, nous dit avoir exploré une grande partie des lieux de commerce malais en
commençant par Pahang, puis plus tard Johore, Ayuthia, le Cambodge, Manille et
Patani (et aussi la plupart des ports des côtes occidentales de Sumatra le
célèbre Diogo Veloso (1559 – 1599), un mercenaire que nous avons déjà rencontré
et qui, dès les premières années 1580, déployait ses activités au Cambodge et au
Laos. Van de Coutere rencontra beaucoup d’autres Portugais qui, comme c’était
la coutume à l’époque, se partageaient entre les activités commerciales et la
guerre. Le récit antérieur de Fernao Mendes Pinto qui passa plus de vingt ans
en Asie entre la fin des années 1530 et la fin des années 1550, mentionne
également la présence de commerçants, mercenaires et travailleurs indépendants
portugais dans des endroits les plus invraisemblables.
« Une hypothèse
séduisante, qui expliquerait l’augmentation du nombre de mercenaires portugais
à cette époque, est que celle-ci aurait correspondu à la diffusion des armes à
feu durant ces années. On a prétendu dans le passé que les XVIè et XVIIè
siècles ont vu en Asie des « empires de la poudre à canon » qui dépendaient
vraisemblablement de la présence d’experts dans le maniement de ces nouvelles
armes. En général, en Asie, au début de la période moderne, les deux groupes
sociaux reconnus comme étant les plus capables d’utiliser les canons et autres
armes plus petites étaient les Portugais (firangis ou en sanscrit Parasikas) et
les Turcs originaires du Sud de l’Inde, les Sahityaratnakara, contient une
description de l’enceinte d’un palais dans l’Etat Nayaka de Tanjavur, dans
laquelle la cour la plus à extérieur était occupé par des mercenaires
parasika ; ils portaient des armes à feu (agniyantra), se distinguaient
par « leur regard imbibé d’alcool » et le vent « qui
s’engouffrait bruyamment dans le canon de leur agniyantra remplissant l’espace
tout entier, semblait proclamer inlassablement leur mission de tuer sans
attendre, les ennemis du roi. »[1]
Nos ancêtres nous
ont laissé cette légende : « La
ville de Longvêk est protégée par des forêts de bambou. Ne pouvant passer à
travers ces forêts de bambou, les Siamois ont tiré des balles en argent dans
cette forêt. Alors les Cambodgiens détruisent ces forêts pour récupérer ces
balles en argent. Ce qui a permis les Siamois de prendre facilement
Longvêk. »
Il est intéressant
d’essayer d’interpréter ce message, codé, légué par nos ancêtres. D’abord, les
Siamois tiraient des balles en argent, cela veut dire qu’ils possédaient des
armes à feu. Les forêts de bambou ne représenteraient-elles pas le
peuple ? Ceux qui détruisent ces forêts pour ramasser les balles en
argents ne sont-ils pas des hautes personnalités ? ». On dit qu’après
l’échec de la première tentative d’attaquer Longvêk, les Siamois ont envoyé des
bonzes à la cours de Longvêk. Ils ont fait en sorte que le roi ait en
permanence des maux de tête. Ces bonzes ont dit que ces maux de tête
proviendraient du grand stupa qui est le symbole de la puissance de Longvêk. Le
roi fini par commander la destruction de ce stupa. Puis le roi fini par
s’enfuire au Laos. Cette légende n’est-elle pas d’actualité de nos jours ?
La défense d’un pays réside dans le peuple. De nos jours la défense d’un pays
réside fondamentalement aussi dans le peuple mais bien instruit. De nos jours
refuser d’instruire le peuple n’est-il pas une forme de destruction des forêts
de bambou protégeant Longvêk ? Une forme d’accepter la domination
étrangère ?
Longvêk, la
capitale du Cambodge à cette époque est prise par les Siamois en janvier 1594.
Peu de temps après le Prince Reamear Choeung Prey à la tête d’une armée, chasse
la garnison siamoise installée à Longvêk, se proclame roi du Cambodge et
choisit Srey Santhor comme capitale. Le 12 avril 1595, arrive à Phnom Penh un
petit groupe de quelques Espagnoles. Puis ce groupe va à Srey Santhor
rencontrer le nouveau roi. N’arrivant pas à se mettre d’accord, ce groupe tue le
nouveau roi dans la nuit du 11 au 12 ou du 12 au 13 mai 1595. Ce fait montre
qu’un petit groupe d’hommes armés d’armes à feu et rusés, peut, sans trop de
difficultés, assassiner le roi du Cambodge dans son palais. Il est probable que
l’entourage de Reamear Choeung Prey ne possède pas d’armes à feu.
Taksin, dont le père est un Chinois teochu,
est adopté par un noble Siamois qui lui a donné le nom de Sin. A 30 ans, en
1764, il est nommé Gouverneur de la province Tak, d’où son nom Taksin.
Après s’être échappé
d’Ayuthia, occupé par les Birmans, en
1767. Il lève une armée et reprend Ayuthia. L’invasion de la Birmanie
par les Chinois a, sans doute, facilité sa tâche. La chute d’Ayuthia a aussi
fait éclater le Siam en plusieurs morceaux qui réclame chacun son indépendance.
Taksin doit encore refaire l’unité du Siam et aussi rétablir l’influence
siamoise au Laos et au Cambodge. Les Siamois se lassent de ces guerres
incessantes et le meilleur des généraux de Taksin, Chakri prend le pouvoir en
1781 et assassine Taksin et toute sa famille. De nos jours, en Thailande c’est
toujours la dynastie Chakri qui gouverne. Au début du XIXè siècle le Siam a
toujours des problèmes avec son voisin de l’Ouest. Nous retrouvons le reflet de
cette situation dans les descriptions de George Finlayson ci-dessous.
*
* *
Le document
ci-dessous nous donne des informations intéressantes sur la situation au Siam
et en Cochinchine (Annam) en 1822 :
Mission au Siam et en
Cochinchine
L’Ambassade de John Crawfurd
en 1821 – 1822
Par George Finlayson
Traduit de l’anglais, éd. Olizane Genève 2006
Livre original en anglais disponible dans Google :
The Mission to Siam and Hue, the Capital of Cochin China
In the Years 1821 – 1822
From the Journal of the late George Finlayson, Esq
Surgeon and Naturalist to the Mission
With a Memoir of the Author
By Sir Thomas Stamford Raffles, F. R. S.
London : John Murray, Albemarle-Street MDCCCXXVI
Réimprimé par La Vergne, USA 2011
8 avril 1822
Audience royale à Bangkok
(Siam)
(…)
« Nous trouvâmes deux
Portugais nés dans le pays ; l’un d’eux avait un air très respectable.
Apparemment on les avait envoyés pour nous servir d’interprètes. Celui qui
avait l’air le plus respectable, voyant que je parlais très parfaitement le
portugais, se mit à ma grande surprise à me parler en latin.(p. 102, 103)
(…)
« L’endroit où nous
débarquâmes était sale, malcommode, et encombré de bois et de petits canots. On
aurait pu le prendre pour l’entrée du dépôt d’un négociant en bois, du reste
moins pratique et propre que beaucoup. Une foule presque entièrement d’hommes,
aussi nombreux qu’il était possible d’en faire tenir dans un espace aussi
restreint, y était assemblée et nous regardait avec une vive, mais je ne
pourrais dire respectueuse curiosité. La porte et la muraille du palais étaient
d’une grande hauteur mais de peu de majesté et d’assez mauvais goût ; et
les trois autres portes et enceintes que nous eûmes à franchir n’était pas
davantage remarquables de ce point de vue, et pas même pour la qualité de leur
construction ou la force de leur conception. » (p. 103)
« Nous n’avions jusque là
aucun garde ni personne en arme, et non plus personne de service, à l’exception
des gens postés à la dernière porte. » (p. 104)
(…)
« Sur chaque côté de
l’allée et jusqu’à la porte suivante se tenait un rang d’hommes armés de
mousquets. Il ne pouvait y avoir rien de plus ridicule ou de moins militaire
d’apparence que cette garde composée d’adolescents malingres, à peine capables
de se tenir en armes, et d’hommes de tous âges. La seule uniformité notable,
résidait dans leurs coiffures, qui étaient toutes de couleur rouge et dont il
m’est impossible de donner une meilleure idée qu'en disant qu’elles
ressemblaient exactement aux casques à la visière basse que portaient autrefois
chez nous les servants de pompe à incendie. C’est à peine s’ils avaient le
courage de nous regarder en face à notre passage ; et dans tout ce groupe,
au nombre peut-être d’une centaine, nous ne vîmes pas une seule pierre à fusil
ni un seul mousquet en état de tirer. Quelques-uns avaient une baïonnette dans
son fourreau sur leur mousquet et d’autres des fourreaux sans baïonnette.
Portant leurs armes maladroitement et sans attention, certains sur l’épaule
droite et d’autres sur l’épaule gauche, ils ne semblaient même pas se rendre
compte de notre présence. » (p. 105 – 106)
(…)
Revenant par l’allée par
laquelle nous étions arrivés, nous franchîmes à nouveau la porte intérieure et
la seconde porte du palais, ce qui nous ramena dans la cour où nous nous étions
arrêtés quelque temps avant de pénétrer dans la salle d’audience. En cet
endroit les seuls objets dignes de retenir l’attention étaient plusieurs canons
de bronze ridiculement et inutilement sur dimensionnés. Ces dimensions devaient
en fait, les rendre à la fois impossible à servir et à manœuvrer. La possession
de canons de tel calibre paraissait cependant ne pas peu exciter la fierté des
Siamois. Ces pièces semblaient avoir été exceptionnellement bien coulées.(p.
120)
Description de Huê et de sa forteresse
26 septembre 1922
(…)
En comparaison des troupes des princes indigènes de l’Inde et
celles du roi de Siam, les soldats que nous vîmes ici laissaient une impression
très favorable. Bien que de très petite taille, ils sont bien bâtis et
d’apparence robuste. Il semble qu’ils conviendraient bien au rôle de troupes
mégères ; leur vêtement est pratique et attire l’œil à la fois. Il serait
peut-être difficile d’en concevoir un mieux adapté au climat et au confort du
soldat et conférant en même temps cet air alerte qui est un but si constant du
costume militaire. (p. 242)
(…)
Les armes, comme nous l’avons
déjà dit, sont soit un fusil soit une lance. La plus grande proportion de
ceux-là semble être de fabrication française. Ils sont munis d’une baïonnette,
comme les nôtres, mais considérablement plus légers. Ils semblent prendre
davantage soin de leurs armes à feu que les soldats européens eux-mêmes. Ils
couvrent en permanence le mécanisme, et si la pluie menace, ils enveloppent
leur fusil dans un morceau de tissu. Leur équipement est semblable à celui de
nos propres soldats, mais le cuir dont il est fait est orné de figurines
dorées. La cartouchière est plus petite que celle d’un soldat anglais (p. 243)
28 septembre 1822
(…)
Aussitôt que nous fûmes entrés
sur le canal, nous nous trouvâmes face à l’un des côtés de la forteresse. Le
terme de forteresse qui lui a été appliqué est propre à faire naître des
notions erronées à son sujet, bien qu’il s’agisse peut-être autant d’une
forteresse qu’une place d’aussi vaste dimension puisse l’être. C’est en fait
une ville fortifiée ; et si les Français l’avaient comparée à des
localités telles que Delhi et Agra au lieu de Fort William, la comparaison eût
été plus juste. Les fortifications de Hué sont sans conteste d’un genre tout è
fait extraordinaire, que l’on considère leur étendue, l’audace de leur
conception, la persévérance dont on a fait preuve dans leur réalisation ou
l’impression de force qui s’en dégage. La forteresse a manifestement été
construite avec la plus grande régularité, et selon les principes européens en
cette matière. Elle est de forme rectangulaire ; nous avons estimé que
chacun des côtés a une longueur d’au moins un mille et demi. La hauteur du
rempart est d’environ trente pieds ; la surface du mur est de brique et
mortier. Les bastions sont en faible saillie, ils sont de cinq à huit
meurtrières et sont situés à une grande distance les uns des autres. Les murs
sont en excellent état. (p. 247, 248)
(…)
Après quelques minutes
d’attente dans notre bateau nous fûmes invités à débarquer. Comme nous
approchions de la maison, nous fûmes rejoints par deux mandarins français, MM
Vannier et Chaigneaux, qui entrèrent dans la maison avec nous. Ils étaient
vêtus de robe de soie, selon la coutume vietnamienne (en anglais Cochin-Chinese
fashion). Tous deux étaient des
vieillards de belle allure, à l’expression affable. Le premier avait participé
à la guerre américaine (Guerre d’Indépendance des Etats-Unis) et semblait avoir
65 ans ; le second un peu plus jeune. Ils avaient tous les deux quitté la
France quand la Révolution avait éclaté et se consacrèrent au service du
précédant roi du Vietnam (en anglais Cochin China), qui les éleva à leur
position actuelle. Ils furent les compagnons du roi (Gia Long) dans ses revers
comme dans sa gloire ; des vingt Français qui le servirent, ils sont les
deux seuls survivants. (p. 249)
(…)
29 septembre 1822
(…)
Remontant le fleuve nous
longeâmes cette partie de la forteresse que l’obscurité nous avait empêchés de
voir la veille. Cette partie de la fortification a été complètement achevée
cette année. Cependant le présent roi n’est pas entièrement satisfait, au
contraire de son prédécesseur, par les principes de Vauban. En conséquence il a
fait réaliser les meurtrières sur un plan de sa propre conception, tout à fait
inverse de l’usuel, c’est-à-dire qu’elles sont étroites vers l’extérieur et s’élargissent vers
l’intérieur. C’est le cas de toutes les meurtrières de ce côté-ci de la
forteresse et cela semble être la seule objection qu’on puisse faire à cet
ouvrage. Nous étions encore, plus que la veille, frappés par la grande beauté,
l’ampleur, la régularité et la solidité de cette extraordinaire construction.
(…)
Les Français nous dirent que
la longueur de chaque côté de la forteresse était de 1187 toises de six pieds
(2,17 km) et que huit cents pièces d’artillerie pouvaient être mises en
position sur les murs. (p.255)
(…)
Quand nous eûmes traversé plusieurs
groupes de ces casernes, nous nous dirigeâmes vers notre bateau, peu désireux
de marcher sous la pluie. Mais le commandant de l’artillerie voulait nous
montrer son département et envoya quelqu’un nous rappeler. Il est vrai que son
département valait la peine d’être vu. Nous n’avions pas vu un canon sur les
murs mais là où se trouvait une collection bien faite pour nous surprendre. Ce
serait une tâche énorme d’énumérer toutes les différentes sortes de canons de
fer et de bronze, leurs calibres et leurs autres caractéristiques. Trois très
grands bâtiments, ou mieux hangars, étaient entièrement remplis de canons de
tous genres, sur leurs affûts ou démontés. Il y avait aussi un nombre
considérable de mortiers et une abondante provision de projectiles. On nous
désigne particulièrement un grand nombre de très beaux canons de bronze qui
avaient été fondu par le précédent roi, et
parmi eux neuf exemplaires d’une taille énorme. L’officier d’artillerie
observa qu’ils étaient trop lourds pour servie à la guerre mais que le roi les
avait voulus comme un mémorial à la fois de lui-même et des œuvres de son
règne. Ils étaient montés sur des affûts réalisés avec autant de finesse que
les canons eux-mêmes. (p. 257)
(…)
Il était déjà aisé de
percevoir que le cerveau qui avait projeté et créé une telle œuvre,
n’influençait plus sa poursuite. Il avait mis en chantier quelque chose que ses
successeurs sont à peine capables de continuer ou de conserver. Par-dessus tout
il était aisé de percevoir que le génie qui avait tout dirigé était français.
(…)
L’influence des Français, il
semble y avoir toute raison de la croire, décline tous les jours, et quand les
deux mandarins issus de cette nation, dont l’un est sur le point de rentrer
dans son pays natal, ne seront plus présents, elle s’éteindra probablement tout
à fait. Les propositions faites par le Gouvernement français depuis le retour
de la paix (en France après la chute de Napoléon en 1815), et ses tentatives
d’établir des relations plus étroites, ont été gardées secrètes. Quelle qu’ait
été leur nature, il est clair qu’elles ont été rejetées par les Vietnamiens
(Cochin Chinese en anglais). C’est la Chine, et non la France, qui est
l’exemple que la Cour actuelle suit en toutes choses.(p. 258)
(…)
1er octobre
(…)
Le marché était bien fourni en article de Chine les plus
grossiers et les plus communs, mais on y voyait très peu de productions du
pays ; (p. 259
Chapitre X
(…)
Il a été dit qu’habituellement deux tiers de la
population mâle de 20 à 50 ans sont enrôlés. Par ailleurs les mandarins
français affirment qu’en général un tiers des soldats sont en permission. (p.
271)
12 octobre 1822
(…)
M. Crawfurd a offert, de la part du Gouverneur Général
cinq cents fusils et deux chandeliers ; il est accordé aux Anglais la
permission de commercer aux mêmes conditions que les Chinois, les Portugais et
les Français.(p. 274, 275)
Les notes prises
par George Finlayson, sont très intéressantes pour plusieurs raisons. D’abord
c’est un voyage de reconnaissance avant le déclenchement des Guerres de l’Opium
en Chine, commencées en 1840. A ce moment
là, la France sortait à peine des ruines suite à la Révolution de 1789, les
guerres napoléoniennes et Waterloo (1815) marquant la fin de l’ère
napoléonienne. Le développement de la société industrielle ne pu se développer
rapidement que sous le règne de Napoléon III. Le Canal de Suez construit par le
Français Ferdinand de Lesseps, commencé en 1852 et inauguré le 16 novembre
1869, par l’Impératrice Eugénie, logée dans une maison en fer démontable conçue
et réalisée par l’ingénieur français Gustave Eiffel, le constructeur plus tard
de la Tour qui porte son nom et qui est le symbole de Paris. Cette maison est
démontée et offerte au Cambodge. Elle est reconstruite au sein du Palais Royal
en 1876 au Sud et à côté du premier Palais Royal conçu et construit par Norodom
en coopération avec Paul Le Faucheur. Elle est connue sous le nom de
« Maison de Fer ». Elle fut pendant une période le bureau du Premier
Ministre. Elle contient beaucoup de documents de cette période. De nos jours,
elle est malheureusement fermée au public ! Le règne de Napoléon III se
termine par la défaite de Sedan le 2 septembre 1870.
D’autre part le
récit de Finlayson montre que l’auteur est aussi expert en observation en tout
et plus particulièrement concernant les problèmes militaires. Enfin les descriptions
montrent clairement la puissance militaire de Hué par rapport à celle de
Bangkok. La description de Bangkok et la cour royale, montre qu’après
l’assassinat de toute la famille du roi Taksin, la nouvelle dynastie n’a pas
encore maîtrisé l’administration de l’ensemble du pays. D’autre part, dès les
années 1820 les Anglais commencent la conquête de la Birmanie. C’est donc un
document très important pour comprendre les événements militaires au Cambodge
durant la première moitié du XIXè siècle.
[1] « L’Empire
Portugais d’Asie 1500 – 1700, une histoire économique et politique » par
Sanjay Subrahmanyam, éd. Maisonneuve & Larose, Paris 1999, pages 316, 317
et 318.
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