jeudi 7 février 2013

ANG DUONG (Partie 3) - LA GUERRE POUR CHASSER LES TROUPES ANNAMITES DU CAMBODGE

Par THIOUNN Mumm


(... Suite de la Partie 2)

2 / L’armée de la cour de Bangkok

Nous avons vu que les Portugais arrive à Ayuthia peu de temps après leur installation à Malacca en 1511. Les Siamois connaissent, donc, l’utilisation des armes à feu depuis ce temps là. Mais les Birmans font mieux, ils utilisent des mercenaires Portugais en grand nombre comme nous venons de voir plus haut. De nos jours il y a, en Birmanie, de nombreux descendants de Portugais.

Ainsi l’armée siamoise savait utiliser les armes à feu et même des canons. Dans cette armée il y a aussi des mercenaires portugais. Elle a dû pourtant attaquer deux fois Longvêk pour le prendre en 1594. Du côté cambodgien, il y avait un portugais comme garde corps du roi. Finalement le roi s’enfuyait avant l’assaut final siamois.

« Mercenaires, armes à feu et membres de la cinquième colonne

« Il existait pourtant un groupe beaucoup plus important, celui des mercenaires et des hommes de guerre indépendants dispersés sur le littoral du golfe du Bengale, en Asie du Sud-Est continentale et dans l’archipel indonésien. D’après les déclarations de Joao Ribeiro, il y avait, dans les dernières années 1620, environ 5 000 Portugais employés par des Etats asiatiques entre le Bengale et l’Est de l’Indonésie, « avec peu d’espoir de retour, car ils etaient habitués à une vie libre. Ce nombre est assez élevé comparé à celui des casados brancos en Asie portugaise pendant cette même période ou à celui des soldados à Goa à la même époque. Dans les années 1630, on estime leur nombre à un millier, tandis qu’il pouvait atteindre entre 1 500 à 2 000 au début du XVIIè siècle.

 (…)

 « A l’époque de Van de Coutere, comme plus tôt en début du XVIè siècle, Malacca était un centre important d’où les mercenaires et les soldats indépendants se dispersaient dans le golfe de Bengale, le Sud-Est de l’Asie et l’Extrême-Orient. Malacca plus que Goa, que Cochin et peut-être même plus qu’Ormuz, était le point de rencontre entre deux mondes, le monde malais et le monde indien et, même à la fin du XVIè siècle Malacca était le carrefour d’une population extrêmement cosmopolite où se côtoyaient Tamouls (Kelings en Javanais), Chinois des provinces du Sud-Est, Vénitiens et Portugais. Van de Coutere, qui dirigea les opérations à l’extérieur de Malacca pendant près d’une décennie jusqu’à son retour à Goa en 1603, nous dit avoir exploré une grande partie des lieux de commerce malais en commençant par Pahang, puis plus tard Johore, Ayuthia, le Cambodge, Manille et Patani (et aussi la plupart des ports des côtes occidentales de Sumatra le célèbre Diogo Veloso (1559 – 1599), un mercenaire que nous avons déjà rencontré et qui, dès les premières années 1580, déployait ses activités au Cambodge et au Laos. Van de Coutere rencontra beaucoup d’autres Portugais qui, comme c’était la coutume à l’époque, se partageaient entre les activités commerciales et la guerre. Le récit antérieur de Fernao Mendes Pinto qui passa plus de vingt ans en Asie entre la fin des années 1530 et la fin des années 1550, mentionne également la présence de commerçants, mercenaires et travailleurs indépendants portugais dans des endroits les plus invraisemblables.

« Une hypothèse séduisante, qui expliquerait l’augmentation du nombre de mercenaires portugais à cette époque, est que celle-ci aurait correspondu à la diffusion des armes à feu durant ces années. On a prétendu dans le passé que les XVIè et XVIIè siècles ont vu en Asie des « empires de la poudre à canon » qui dépendaient vraisemblablement de la présence d’experts dans le maniement de ces nouvelles armes. En général, en Asie, au début de la période moderne, les deux groupes sociaux reconnus comme étant les plus capables d’utiliser les canons et autres armes plus petites étaient les Portugais (firangis ou en sanscrit Parasikas) et les Turcs originaires du Sud de l’Inde, les Sahityaratnakara, contient une description de l’enceinte d’un palais dans l’Etat Nayaka de Tanjavur, dans laquelle la cour la plus à extérieur était occupé par des mercenaires parasika ; ils portaient des armes à feu (agniyantra), se distinguaient par « leur regard imbibé d’alcool » et le vent « qui s’engouffrait bruyamment dans le canon de leur agniyantra remplissant l’espace tout entier, semblait proclamer inlassablement leur mission de tuer sans attendre, les ennemis du roi. »[1]

Nos ancêtres nous ont laissé cette légende : « La ville de Longvêk est protégée par des forêts de bambou. Ne pouvant passer à travers ces forêts de bambou, les Siamois ont tiré des balles en argent dans cette forêt. Alors les Cambodgiens détruisent ces forêts pour récupérer ces balles en argent. Ce qui a permis les Siamois de prendre facilement Longvêk. »

Il est intéressant d’essayer d’interpréter ce message, codé, légué par nos ancêtres. D’abord, les Siamois tiraient des balles en argent, cela veut dire qu’ils possédaient des armes à feu. Les forêts de bambou ne représenteraient-elles pas le peuple ? Ceux qui détruisent ces forêts pour ramasser les balles en argents ne sont-ils pas des hautes personnalités ? ». On dit qu’après l’échec de la première tentative d’attaquer Longvêk, les Siamois ont envoyé des bonzes à la cours de Longvêk. Ils ont fait en sorte que le roi ait en permanence des maux de tête. Ces bonzes ont dit que ces maux de tête proviendraient du grand stupa qui est le symbole de la puissance de Longvêk. Le roi fini par commander la destruction de ce stupa. Puis le roi fini par s’enfuire au Laos. Cette légende n’est-elle pas d’actualité de nos jours ? La défense d’un pays réside dans le peuple. De nos jours la défense d’un pays réside fondamentalement aussi dans le peuple mais bien instruit. De nos jours refuser d’instruire le peuple n’est-il pas une forme de destruction des forêts de bambou protégeant Longvêk ? Une forme d’accepter la domination étrangère ?

Longvêk, la capitale du Cambodge à cette époque est prise par les Siamois en janvier 1594. Peu de temps après le Prince Reamear Choeung Prey à la tête d’une armée, chasse la garnison siamoise installée à Longvêk, se proclame roi du Cambodge et choisit Srey Santhor comme capitale. Le 12 avril 1595, arrive à Phnom Penh un petit groupe de quelques Espagnoles. Puis ce groupe va à Srey Santhor rencontrer le nouveau roi. N’arrivant pas à se mettre d’accord, ce groupe tue le nouveau roi dans la nuit du 11 au 12 ou du 12 au 13 mai 1595. Ce fait montre qu’un petit groupe d’hommes armés d’armes à feu et rusés, peut, sans trop de difficultés, assassiner le roi du Cambodge dans son palais. Il est probable que l’entourage de Reamear Choeung Prey ne possède pas d’armes à feu.

Taksin, dont le père est un Chinois teochu, est adopté par un noble Siamois qui lui a donné le nom de Sin. A 30 ans, en 1764, il est nommé Gouverneur de la province Tak, d’où son nom Taksin.

Après s’être échappé d’Ayuthia, occupé par les Birmans, en  1767. Il lève une armée et reprend Ayuthia. L’invasion de la Birmanie par les Chinois a, sans doute, facilité sa tâche. La chute d’Ayuthia a aussi fait éclater le Siam en plusieurs morceaux qui réclame chacun son indépendance. Taksin doit encore refaire l’unité du Siam et aussi rétablir l’influence siamoise au Laos et au Cambodge. Les Siamois se lassent de ces guerres incessantes et le meilleur des généraux de Taksin, Chakri prend le pouvoir en 1781 et assassine Taksin et toute sa famille. De nos jours, en Thailande c’est toujours la dynastie Chakri qui gouverne. Au début du XIXè siècle le Siam a toujours des problèmes avec son voisin de l’Ouest. Nous retrouvons le reflet de cette situation dans les descriptions de George Finlayson ci-dessous.

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Le document ci-dessous nous donne des informations intéressantes sur la situation au Siam et en Cochinchine (Annam) en 1822 :

Mission au Siam et en Cochinchine
L’Ambassade de John Crawfurd en 1821 – 1822
Par George Finlayson

Traduit de l’anglais, éd. Olizane Genève 2006
Livre original en anglais disponible dans Google :

The Mission to Siam and Hue, the Capital of Cochin China
In the Years 1821 – 1822
From the Journal of the late George Finlayson, Esq
Surgeon and Naturalist to the Mission
With a Memoir of the Author
By Sir Thomas Stamford Raffles, F. R. S.
London : John Murray, Albemarle-Street MDCCCXXVI
Réimprimé par La Vergne, USA 2011

8 avril 1822

Audience royale à Bangkok (Siam)

(…)

« Nous trouvâmes deux Portugais nés dans le pays ; l’un d’eux avait un air très respectable. Apparemment on les avait envoyés pour nous servir d’interprètes. Celui qui avait l’air le plus respectable, voyant que je parlais très parfaitement le portugais, se mit à ma grande surprise à me parler en latin.(p. 102, 103)

(…)

« L’endroit où nous débarquâmes était sale, malcommode, et encombré de bois et de petits canots. On aurait pu le prendre pour l’entrée du dépôt d’un négociant en bois, du reste moins pratique et propre que beaucoup. Une foule presque entièrement d’hommes, aussi nombreux qu’il était possible d’en faire tenir dans un espace aussi restreint, y était assemblée et nous regardait avec une vive, mais je ne pourrais dire respectueuse curiosité. La porte et la muraille du palais étaient d’une grande hauteur mais de peu de majesté et d’assez mauvais goût ; et les trois autres portes et enceintes que nous eûmes à franchir n’était pas davantage remarquables de ce point de vue, et pas même pour la qualité de leur construction ou la force de leur conception. » (p. 103)

« Nous n’avions jusque là aucun garde ni personne en arme, et non plus personne de service, à l’exception des gens postés à la dernière porte. » (p. 104)

 (…)

« Sur chaque côté de l’allée et jusqu’à la porte suivante se tenait un rang d’hommes armés de mousquets. Il ne pouvait y avoir rien de plus ridicule ou de moins militaire d’apparence que cette garde composée d’adolescents malingres, à peine capables de se tenir en armes, et d’hommes de tous âges. La seule uniformité notable, résidait dans leurs coiffures, qui étaient toutes de couleur rouge et dont il m’est impossible de donner une meilleure idée qu'en disant qu’elles ressemblaient exactement aux casques à la visière basse que portaient autrefois chez nous les servants de pompe à incendie. C’est à peine s’ils avaient le courage de nous regarder en face à notre passage ; et dans tout ce groupe, au nombre peut-être d’une centaine, nous ne vîmes pas une seule pierre à fusil ni un seul mousquet en état de tirer. Quelques-uns avaient une baïonnette dans son fourreau sur leur mousquet et d’autres des fourreaux sans baïonnette. Portant leurs armes maladroitement et sans attention, certains sur l’épaule droite et d’autres sur l’épaule gauche, ils ne semblaient même pas se rendre compte de notre présence. » (p. 105 – 106)

 (…)

Revenant par l’allée par laquelle nous étions arrivés, nous franchîmes à nouveau la porte intérieure et la seconde porte du palais, ce qui nous ramena dans la cour où nous nous étions arrêtés quelque temps avant de pénétrer dans la salle d’audience. En cet endroit les seuls objets dignes de retenir l’attention étaient plusieurs canons de bronze ridiculement et inutilement sur dimensionnés. Ces dimensions devaient en fait, les rendre à la fois impossible à servir et à manœuvrer. La possession de canons de tel calibre paraissait cependant ne pas peu exciter la fierté des Siamois. Ces pièces semblaient avoir été exceptionnellement bien coulées.(p. 120)

Description de Huê et de sa forteresse


26 septembre 1922
 
(…)

En comparaison des troupes des princes indigènes de l’Inde et celles du roi de Siam, les soldats que nous vîmes ici laissaient une impression très favorable. Bien que de très petite taille, ils sont bien bâtis et d’apparence robuste. Il semble qu’ils conviendraient bien au rôle de troupes mégères ; leur vêtement est pratique et attire l’œil à la fois. Il serait peut-être difficile d’en concevoir un mieux adapté au climat et au confort du soldat et conférant en même temps cet air alerte qui est un but si constant du costume militaire. (p. 242)
 
(…)

Les armes, comme nous l’avons déjà dit, sont soit un fusil soit une lance. La plus grande proportion de ceux-là semble être de fabrication française. Ils sont munis d’une baïonnette, comme les nôtres, mais considérablement plus légers. Ils semblent prendre davantage soin de leurs armes à feu que les soldats européens eux-mêmes. Ils couvrent en permanence le mécanisme, et si la pluie menace, ils enveloppent leur fusil dans un morceau de tissu. Leur équipement est semblable à celui de nos propres soldats, mais le cuir dont il est fait est orné de figurines dorées. La cartouchière est plus petite que celle d’un soldat anglais (p. 243)

28 septembre 1822

(…)

Aussitôt que nous fûmes entrés sur le canal, nous nous trouvâmes face à l’un des côtés de la forteresse. Le terme de forteresse qui lui a été appliqué est propre à faire naître des notions erronées à son sujet, bien qu’il s’agisse peut-être autant d’une forteresse qu’une place d’aussi vaste dimension puisse l’être. C’est en fait une ville fortifiée ; et si les Français l’avaient comparée à des localités telles que Delhi et Agra au lieu de Fort William, la comparaison eût été plus juste. Les fortifications de Hué sont sans conteste d’un genre tout è fait extraordinaire, que l’on considère leur étendue, l’audace de leur conception, la persévérance dont on a fait preuve dans leur réalisation ou l’impression de force qui s’en dégage. La forteresse a manifestement été construite avec la plus grande régularité, et selon les principes européens en cette matière. Elle est de forme rectangulaire ; nous avons estimé que chacun des côtés a une longueur d’au moins un mille et demi. La hauteur du rempart est d’environ trente pieds ; la surface du mur est de brique et mortier. Les bastions sont en faible saillie, ils sont de cinq à huit meurtrières et sont situés à une grande distance les uns des autres. Les murs sont en excellent état. (p. 247, 248)

(…)

Après quelques minutes d’attente dans notre bateau nous fûmes invités à débarquer. Comme nous approchions de la maison, nous fûmes rejoints par deux mandarins français, MM Vannier et Chaigneaux, qui entrèrent dans la maison avec nous. Ils étaient vêtus de robe de soie, selon la coutume vietnamienne (en anglais Cochin-Chinese fashion). Tous deux  étaient des vieillards de belle allure, à l’expression affable. Le premier avait participé à la guerre américaine (Guerre d’Indépendance des Etats-Unis) et semblait avoir 65 ans ; le second un peu plus jeune. Ils avaient tous les deux quitté la France quand la Révolution avait éclaté et se consacrèrent au service du précédant roi du Vietnam (en anglais Cochin China), qui les éleva à leur position actuelle. Ils furent les compagnons du roi (Gia Long) dans ses revers comme dans sa gloire ; des vingt Français qui le servirent, ils sont les deux seuls survivants. (p. 249)

(…)

29 septembre 1822

 (…)

Remontant le fleuve nous longeâmes cette partie de la forteresse que l’obscurité nous avait empêchés de voir la veille. Cette partie de la fortification a été complètement achevée cette année. Cependant le présent roi n’est pas entièrement satisfait, au contraire de son prédécesseur, par les principes de Vauban. En conséquence il a fait réaliser les meurtrières sur un plan de sa propre conception, tout à fait inverse de l’usuel, c’est-à-dire qu’elles sont étroites  vers l’extérieur et s’élargissent vers l’intérieur. C’est le cas de toutes les meurtrières de ce côté-ci de la forteresse et cela semble être la seule objection qu’on puisse faire à cet ouvrage. Nous étions encore, plus que la veille, frappés par la grande beauté, l’ampleur, la régularité et la solidité de cette extraordinaire construction.

(…)

Les Français nous dirent que la longueur de chaque côté de la forteresse était de 1187 toises de six pieds (2,17 km) et que huit cents pièces d’artillerie pouvaient être mises en position sur les murs. (p.255)

(…)

Quand nous eûmes traversé plusieurs groupes de ces casernes, nous nous dirigeâmes vers notre bateau, peu désireux de marcher sous la pluie. Mais le commandant de l’artillerie voulait nous montrer son département et envoya quelqu’un nous rappeler. Il est vrai que son département valait la peine d’être vu. Nous n’avions pas vu un canon sur les murs mais là où se trouvait une collection bien faite pour nous surprendre. Ce serait une tâche énorme d’énumérer toutes les différentes sortes de canons de fer et de bronze, leurs calibres et leurs autres caractéristiques. Trois très grands bâtiments, ou mieux hangars, étaient entièrement remplis de canons de tous genres, sur leurs affûts ou démontés. Il y avait aussi un nombre considérable de mortiers et une abondante provision de projectiles. On nous désigne particulièrement un grand nombre de très beaux canons de bronze qui avaient été fondu par le précédent roi, et  parmi eux neuf exemplaires d’une taille énorme. L’officier d’artillerie observa qu’ils étaient trop lourds pour servie à la guerre mais que le roi les avait voulus comme un mémorial à la fois de lui-même et des œuvres de son règne. Ils étaient montés sur des affûts réalisés avec autant de finesse que les canons eux-mêmes. (p. 257)

(…)

Il était déjà aisé de percevoir que le cerveau qui avait projeté et créé une telle œuvre, n’influençait plus sa poursuite. Il avait mis en chantier quelque chose que ses successeurs sont à peine capables de continuer ou de conserver. Par-dessus tout il était aisé de percevoir que le génie qui avait tout dirigé était français.

(…)

L’influence des Français, il semble y avoir toute raison de la croire, décline tous les jours, et quand les deux mandarins issus de cette nation, dont l’un est sur le point de rentrer dans son pays natal, ne seront plus présents, elle s’éteindra probablement tout à fait. Les propositions faites par le Gouvernement français depuis le retour de la paix (en France après la chute de Napoléon en 1815), et ses tentatives d’établir des relations plus étroites, ont été gardées secrètes. Quelle qu’ait été leur nature, il est clair qu’elles ont été rejetées par les Vietnamiens (Cochin Chinese en anglais). C’est la Chine, et non la France, qui est l’exemple que la Cour actuelle suit en toutes choses.(p. 258)

(…)

1er octobre

(…)

Le marché était bien fourni en article de Chine les plus grossiers et les plus communs, mais on y voyait très peu de productions du pays ; (p. 259

Chapitre X

(…)

Il a été dit qu’habituellement deux tiers de la population mâle de 20 à 50 ans sont enrôlés. Par ailleurs les mandarins français affirment qu’en général un tiers des soldats sont en permission. (p. 271)

12 octobre 1822
(…)
M. Crawfurd a offert, de la part du Gouverneur Général cinq cents fusils et deux chandeliers ; il est accordé aux Anglais la permission de commercer aux mêmes conditions que les Chinois, les Portugais et les Français.(p. 274, 275)

Les notes prises par George Finlayson, sont très intéressantes pour plusieurs raisons. D’abord c’est un voyage de reconnaissance avant le déclenchement des Guerres de l’Opium en Chine, commencées  en 1840. A ce moment là, la France sortait à peine des ruines suite à la Révolution de 1789, les guerres napoléoniennes et Waterloo (1815) marquant la fin de l’ère napoléonienne. Le développement de la société industrielle ne pu se développer rapidement que sous le règne de Napoléon III. Le Canal de Suez construit par le Français Ferdinand de Lesseps, commencé en 1852 et inauguré le 16 novembre 1869, par l’Impératrice Eugénie, logée dans une maison en fer démontable conçue et réalisée par l’ingénieur français Gustave Eiffel, le constructeur plus tard de la Tour qui porte son nom et qui est le symbole de Paris. Cette maison est démontée et offerte au Cambodge. Elle est reconstruite au sein du Palais Royal en 1876 au Sud et à côté du premier Palais Royal conçu et construit par Norodom en coopération avec Paul Le Faucheur. Elle est connue sous le nom de « Maison de Fer ». Elle fut pendant une période le bureau du Premier Ministre. Elle contient beaucoup de documents de cette période. De nos jours, elle est malheureusement fermée au public ! Le règne de Napoléon III se termine par la défaite de Sedan le 2 septembre 1870.

D’autre part le récit de Finlayson montre que l’auteur est aussi expert en observation en tout et plus particulièrement concernant les problèmes militaires. Enfin les descriptions montrent clairement la puissance militaire de Hué par rapport à celle de Bangkok. La description de Bangkok et la cour royale, montre qu’après l’assassinat de toute la famille du roi Taksin, la nouvelle dynastie n’a pas encore maîtrisé l’administration de l’ensemble du pays. D’autre part, dès les années 1820 les Anglais commencent la conquête de la Birmanie. C’est donc un document très important pour comprendre les événements militaires au Cambodge durant la première moitié du XIXè siècle.


[1] « L’Empire Portugais d’Asie 1500 – 1700, une histoire économique et politique » par Sanjay Subrahmanyam, éd. Maisonneuve & Larose, Paris 1999, pages 316, 317 et 318.

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